Résumé
Avec 21753 cas et 424 décès soit une létalité globale de 1,9%, la plus élevée observée depuis trois ans, le choléra demeure en 2011 encore, un problème majeur de santé publique en RDC. Le taux d’attaque global en 2011 de 43 cas pour 100000 habitants est encore très loin du seuil d’élimination fixé à 1 cas pour 100000 habitants.
Cette année 2011 se caractérise par la résurgence du choléra dans la ville de Kisangani (Province Orientale) et sa diffusion dans les zones de santé des provinces de l’Ouest situées le long du fleuve Congo et de ses principaux affluents (après près de sept à 10 ans sans cas de choléra rapportés).
Les premiers cas observés à Kisangani en février 2011, seraient une diffusion de l’épidémie de choléra de Lubutu (en janvier, au Maniema) vers la zone de Lubunga à Kisangani, terminus et gare routière des véhicules en provenance de Lubutu. Toute fois, seules des analyses de biologie moléculaire, pourraient confirmer ou infirmer cette hypothèse. La confirmation de cette hypothèse serait l’illustration d’une diffusion du choléra depuis les zones endémiques et sanctuaires de la région des grands lacs, vers zones épidémiques de l’Ouest comme ce fut le cas pour les épidémies de 1997 à 2001.
Le taux de confirmations biologiques du V. Cholerae de 33% rapporté en cette année 2011, plaide non seulement pour l’amélioration des conditions de prélèvements et de transport des échantillons de selles, mais aussi pour l’identification d’autres germes responsables de ces cas de diarrhées cliniquement suspects de choléra, mais biologiquement négatifs au Vibrio Cholerae. L’identification de plus en plus fréquente de cas positifs de Vibrio cholerae dans la tranche d’âge des moins de 2 ans, soit 37% en 2011 (21 cas confirmés sur 57 prélèvements effectués sur des cas suspects dans cette tranche d’âge), pose le problème de la révision probablement nécessaire de la définition de cas clinique actuellement en cours d’usage.
Même si globalement, le plan d’élimination du choléra n’a pas été financé en tant que stratégie, des financements importants ont été levés pour la lutte contre le choléra en 2011.
Malgré ces financements, les difficultés de coordination et le manque d’une structure technique apportant un éclairage épidémiologique au niveau des enjeux d’élimination du choléra font parti des facteurs n’ayant pas permis d’atteindre les résultats espérés.
La persistance des cas de choléra à l’Ouest de la RDC devrait donc traduire une insuffisance du diagnostic des facteurs de persistance et par conséquent une inadaptation des mesures de lutte mise en oeuvre jusqu’à présent.
A l’Est de la RDC, le regain d’insécurité dans cette région, les mouvements et les regroupements de population dans des conditions d’hygiène et d’assainissement parfois précaires pourraient compter parmi les facteurs expliquant la recrudescence des flambées épidémiques et la diffusion à des zones inhabituelles observée en 2011.
Si ces différents facteurs de persistance, de recrudescence et de diffusion épidémiques sont maîtrisés, l’élimination du choléra comme problème de santé publique en République Démocratique du Congo reste donc possible.
Un plaidoyer pour le financement et la mise en oeuvre du plan stratégique d’élimination du choléra dans un cadre où l’accompagnement du diagnostic épidémiologique global est assuré, devrait permettre d’améliorer la situation du choléra en RDC.