CONTEXTE ET JUSTIFICATION
Le Kasaï Occidental est l’une des onze provinces actuelles de la République Démocratique du Congo (RDC) située au centre- sud du pays et s’étendant sur une superficie de 154 741.8 Km², soit 6,6 % de la superficie totale de la RDC. Il est limité par la Province de l’Equateur au Nord ; la Province du Kasaï Oriental à l’Est ; la Province du Bandundu à l’Ouest, la Province du Katanga et la République d’Angola au Sud. Sa population est estimée à environ 6 901 126 habitants avec une densité de 45 habitants par km².
La province jouit d’un climat de type équatorial dans le Nord et de type soudanien dans le Sud, avec des hauteurs pluviométriques moyennes annuelles de 2.000 m au nord qui décroissent progressivement jusqu’à 1 400 mm à l’extrême Sud de la Province. De façon générale, les sols sont riches et propices à l’agriculture pluviale ou irriguée en raison de nombreux cours d’eau qui émaillent la région. Malgré ces atouts, l’agriculture reste essentiellement celle de subsistance marquée par une faible productivité. Ces dernières années, du fait de l’effet conjugué de l’instabilité politique, du manque d’investissement dans le secteur agricole, de l’exode rural, l’activité agricole est en baisse avec comme conséquence un déclin de l’économie de la région plus portée vers l’extraction minière elle-même confrontée à des problèmes structurels qui plombent sont développement. Les échanges commerciaux sont en forte baisse à cause du dysfonctionnement continu de la Société nationale de chemin de fer du Congo ‘’SNCC’’. Un enclavement qui a particulièrement affecté la partie nord de la province, en obstruant toutes les voies d’échanges de sa production agricole. Ces poussées de crise ont entrainé une baisse de la production agricole et multiplié les problèmes sociaux et alimentaires au sein des communautés. Les résultats de l’enquête MICS de 2010, a relevé que 20% des ménages avaient une consommation alimentaire pauvre ou limite à l’échelle de la province sans qu’il ne soit possible de désagréger ces résultats au niveau territorial. Selon le 4ème cycle d’analyse (mars 2011) du cadre intégré de classification des phases de sécurité alimentaire, il existe au Kasaï Occidental 4 territoires en crise alimentaire et des moyens d’existence aiguë ou phase 3 et c’est notamment Dekese, Dimbelenge, Luebo et Demba ; et 6 Territoires en insécurité alimentaire modérée/limite ou en phase 2, notamment Mweka, Luiza, Tshikapa, Dibaya, Ilebo et Kazumba.
La situation nutritionnelle est également précaire avec un taux de malnutrition aiguë global des enfants de moins de 5 ans de 14,9% selon les résultats de l’enquête MICS de 2010. Les enquêtes nutritionnelles territoriales de 2009 ont identifié 10 entités administratives sur 15 évaluées fortement touchées par la malnutrition avec des taux au-dessus du seuil d’urgence de 10% fixé par l’OMS. Parmi ces territoires, deux (Lwiza et Dekesse) ont enregistré des taux de malnutrition au-delà du seuil d’urgence critique de 15% selon les normes de classification de l’OMS. La mortalité rétrospective chez les enfants de moins de 5 ans était supérieure à 1/10 000 personnes / jour dans les 10 entités susmentionnées. La situation nutritionnelle a continué à se dégrader en 2010 et en 2011. Les enquêtes nutritionnelles territoriales conduites par Pronanut dans les territoires de Lwiza et de Dekese, en octobre 2010, ont révélé des taux de malnutrition aiguë globale respectives de 11.3 % et de 13.7 % tandis que celles menées par ACF, en juillet 2011, dans les zones de santé de Kitangwa, Kamonya, Nyanga, Ndekesha, Lubondaye et Mushenge ont montré partout des taux de malnutrition aigue globale supérieurs à 10 %. La malnutrition aigue sévère atteint ou dépasse partout le seuil fixé de 2 %.
En outre, depuis 2003, la province fait face de manière anachronique à de vagues d’expulsés d’Angola dont la plus grande est celle d’octobre 2010. Les personnes affectées selon le système d’identification mis en place, seraient de 8296 personnes au 4èmetrimestre 2010 et, 2828 au mois de Janvier 2011, dont 1695 à Tshikapa et 1133 à Lwiza. Parmi ces sujets enregistrés, certains enfants présentaient des signes de malnutrition. Eu égard aux résultats des enquêtes nutritionnelles territoriales de 2009, le Programme alimentaire mondial (PAM) a lancé une action d’assistance alimentaire aux malnutris (enfants, femmes enceintes, femmes allaitantes), dans le cadre de l’intervention prolongée de secours et de redressement (IPSR) dans les Kasai. C’est dans ce contexte qu’intervient la présente évaluation de la sécurité alimentaire des ménages. Si la situation nutritionnelle est tout au moins documentée à partir des enquêtes nutritionnelles anthropométriques, la situation de sécurité alimentaire des ménages par territoire n’est pas connue. Eu égard à cette insuffisance, le PAM en collaboration avec ses partenaires notamment l’Institut National de la Statistique (INS) a jugé utile de combler ce déficit en information sur la situation de sécurité alimentaire.
C’est dans ce contexte que le PAM a diligenté une évaluation approfondie de la sécurité alimentaire afin de disposer d’indicateurs désagrégés à l’échelle territoriale pour permettre une meilleure compréhension du problème et parvenir à des interventions appropriées. L’étude devra aider à mieux identifier les populations les plus vulnérables, d’adapter et d’orienter l’assistance alimentaire par rapport à leurs besoins.